ARGUMENT

Nos souffrances et nos tourments psychiques ne sont pas sans lien avec la nature et la qualité de ce que peuvent véhiculer nos rêves et nos fantasmes, au point que certains symptômes ou certaines conduites psychopathologiques puissent être l’expression de ces rêves limites qui n’ont pu être véritablement rêvés. Or, que se passe-t-il lorsque se produit une mise à mal de la fonction onirique, au point que celle-ci empêche la décharge de tension par la satisfaction hallucinatoire ? Comment la psyché peut-elle alors composer pour évacuer ses tensions libidinales et agressives ? Se trouve-t-elle acculée à émettre, régressivement des signaux somatopsychiques, infraverbaux et archaïques, pour sauver le moi d’une forme de désagrégation, voire d’une mort psychique ? Quelles voies la psyché adopte pour évacuer ses tensions sans paroles ? Là où le rêve dans sa structuration « névrotique » permet au sujet d’halluciner en toute santé, que se passe-t-il lorsque cette liberté, acquise par la structuration de l’écran du rêve, se trouve compromise par des défaillances lors de la structuration de cet espace projectif ? Si les textes freudiens ont pu nous éclairer grandement sur les fonctions de la vie onirique dans la vie psychique, ils n’apportent pas réellement de points de repères pour être en mesure d’identifier les différentes modalités de construction et de figurabilité dans nos productions oniriques. En s’appuyant sur les travaux d’auteurs post-freudiens, notre propos visera à expliciter davantage ce qui fait les spécificités respectives des rêvasseries, des rêves traumatiques, des rêves borderline, des rêves mélancoliques, des rêves blancs, … le repérage clinique de ces différences étant susceptible de nous éclairer sur les modalités de fonctionnement psychique et les distorsions psychopathologiques vécues par nos patients.